Toute technique, toute discipline quelle qu'elle soit, connait ses limites.
Et celles-ci ne se résument pas à une connaissance plus ou moins complète du sport de combat pratiqué. Elles apparaissent pourtant très vite dans le cursus sportif de l'élève, et portent un nom : le stress.
Dans le domaine de la compétition, qu'est-ce-qui peut bien différencier les champions entre eux ? A entrainement égal, à travail égal, encadrement égal, etc etc... Ce qui permet en grande partie, la victoire ou la défaite d'un champion se réduit souvent à sa capacité à gérer son stress. Gagner est avant tout un état d'esprit, mais perdre aussi...
Je ne me souviens plus du nom de ce boxeur qui, pour lutter contre le stress épouvantable qui l'envahissait lors d'un combat, courrait à toutes jambes jusqu'au ring ou l'attendait son adversaire. Il courrait pour ne pas reculer, pour ne pas rester prostré dans un coin du vestiaire, pour ne plus avoir d'autre choix que de combattre.
En ce qui concerne le combat, le stress peut détruire littéralement. Parce que tout combat inclut du danger, des risques de blessure, de fracture et peut-être de mort. L'intégrité physique du combattant est en jeu, mais aussi son équilibre mental, sa perception de lui-même, presque sa propre identité. Celui qui se couche ne perd pas que le combat, il peut aussi perdre le respect de lui même.
Napoléon disait : "c'est à ses défaites que l'on reconnait la valeur d'un homme"...
Dans tout combat, qu'il soit à l'intérieur d'un ring, dans une salle de sport, dans la rue ou en guerre, il est nécessaire, pour ne pas dire vital, de contrôler son stress... sa peur. Et pour cela, il n'existe pas de recette miracle. De l'entrainement bien sûr ! Placer l'élève, le policier, le soldat dans des situations difficiles, périlleuses, où le but recherché de l'instructeur sera d'approcher au plus près de la réalité. L'instructeur militaire connait une chose fondamentale : il ne peut y avoir de bon combattant doté d'un ego surdimensionné. Il évaluera mal les risques d'une action en surévaluant ses capacités. L'instructeur devra s'acharner à détruire cet ego au profit d'un développement d'un esprit de corps, d'une discipline. Mettre une arme dans les mains d'un individu ne fait pas de lui un soldat !
Mais la rue est la rue ! Avec ses lois où la principale est que justement il n'existe aucune loi. En guerre, il n'existe qu'une règle : rester en vie. Et pour rester en vie, il faut savoir tuer... Sans état d'âme, froidement... pour découvrir un jour que ne pas tuer est plus compliqué, plus difficile que de tuer. Certains mots de cet instructeur resteront toujours gravés en moi :
"Ne vous battez pas pour gagner. Battez vous pour tuer, et peut-être... peut-être vous aurez une chance de gagner"...
Le stress... la peur... qui bloque la respiration, affole les battements du cœur, flanche les jambes, fait transpirer... L'esprit cherche un moyen d'éviter le danger, d'y échapper... Survient à cet instant, l'épineux problème du choix... Le choix de combattre ou de fuir... Le choix de lever la tête ou de la baisser... Le choix de vivre ou de peut-être mourir...
Le timide a peur avant le danger
Le lâche pendant le danger
Le courageux après le danger
Jacques Piton (Expert International de Krav Maga)